Les estafettes à Vélo : Section Mobile du CIA (Comité d’Information Anarchiste)


2 équipes à vélo suivaient les mouve­ments de la police fédérale.

Avant le départ de la manifestation, aucun mouvement de la police n’a été repéré. Ensuite, au niveau de la Place Rouppe, au moment correspondant au départ de la manif, plus d’une dizaine de combis de la police foncent sirènes hurlantes vers la rue d’Anderlecht, chargés de policiers anti-émeutes, se plaçant ainsi un carrefour en avance de la manif. Ce cirque continue jusqu’au Square des Blindés, et je suis pendant tout ce temps-là les mouvements des combis de police, en coupant de temps en temps vers la manif, en télépho­nant à notre «dispaching» pour informer des déplacements de la police et de la manifestation. Je suivrai la police depuis la Place Rouppe vers leur proba­ble QG Quai au Charbon, près du Square des Blindés.

On s’est retrouvé, les deux équipes en vélo (5 personnes) aux alentours du Square des Blindés, en plein milieu du déploiement policier (carrefour des rues «Quai au Foin» et Quai du Commerce»). Un flic en civil tente de m’interpeller et me menace avec une matraque télescopi­que en me criant «Si je te croise encore une fois, ce sera chaud pour ta gueule» ; il me pousse avec sa matraque en me la plaçant sur l’épaule. Les flics arrivent de tous côtés ; ils étaient vraiment présents en nombre impressionnant. On tente de partir et on se fait arrêter par un autre policier en civil, qui me voit télépho­ner : contrôle d’identité et confiscation de la carte d’identité. Je proteste, lui dit qu’il n’a pas le droit de me confisquer ma carte, et tends ma main en direction de mon document qu’il a en main… Il mettra ma carte dans sa poche avant d’enchaîner en saisissant ma main pour me faire une clef de bras ! Il me crie «Ici, c’est moi qui commande, alors tu obéis» !

Il prend mon G.S.M. et l’éteint en me disant : «Tu surveilles les mouve­ments de la police ? Mais c’est pas bien hein ça !»

A ce moment, les choses ont l’air de bou­ger du côté de la manifestation, et à peu près 6 personnes cagoulées avec foulard palestinien et encapuchonnées rejoignent l’intérieur du rassemblement policier en criant «Police ! Police !»… Sans com­mentaire. La personne qui m’interpellait me rend ma carte d’identité et mon GSM, mais déchire les numéros de téléphone que j’avais inscrits sur un papier, et court vers la manifestation.

Pendant ce temps, une camarade de notre équipe est partie en dehors de l’effectif policier, elle nous racontera plus tard qu’un motard de la police l’a poursuivie et l’a arrêtée en saisissant son vélo pour tenter de lui prendre son GSM ; elle a réussi à s’en débarrasser en disant à l’agent qu’il n’avait pas de preuve pour lui faire cela, et il est parti.

Nous, nous tentons de partir par la seule rue qui n’était pas fliquée, mais on est obligé de se remettre dans une rue trans­versale car une file impression­nante de combis blindés et non-blindés ainsi qu’une auto- pom pe s’est enga­gée dans la rue en direction du Boulevard E.Jacqmain. Une fois ces engins passés, on se fait de nouveau intercepter, contrôle d’identité, fouille, ques­tions, le tout sur un ton extrêmement agressif à notre égard. Les GSM sont de nouveau éteints, ils nous demandent ce que nous faisons ici à vélo et ré­pliquent en criant «Bruxelles n’est pas une ville pour faire du vélo !». Ils nous menacent de nous enfermer pour plusieurs jours, et autres menaces… On leur signale que ce qu’ils font n’est pas autorisé par la loi (fouilles arbi­traires, menaces, contrôles d’identité, etc.) après quoi ils rigolent grassement en disant «legal team et tout le bazar ou quoi ?» et me conseillent de re­tourner à l’école. Ce cirque durera environ 30 minutes. Cela s’est passé au niveau du croisement rue du Pont Neuf et Bd Emile Jacqumain.

Ils nous laissent repartir, en nous interdi­sant de «séjour» dans le centre ville et aux alentours de la manifestation pendant cette journée, sinon, c’était l’arrestation administrative. Ils nous ont confisqué papiers, plans du parcours de la manif, tract, numéros de téléphone éventuels, et pour ma part, un mini-disc vierge (Il était inscrit dessus les titres d’une émission faite par les soins de l’équipe du Cirque de Minuit, l’«AmigoLoftStory» . C’est un loft dans le commissariat de la rue au Charbon, où les participants, des policiers, étaient mis en scène et devaient gérer leur vie au quotidien, mais toutes leurs discus­sions étaient enregistrées… Les séquences étaient «Nuit de délire chez les flics, réveil difficile, salut au drapeau, rot en engueulades»… La police nous contrô­lant lit cela et me dit sérieusement «ça, j’embarque hein !». Par malchance, suite à une erreur de manipulation, j’ai effacé la totalité du disc (C’est à titre d’anecdote). )

On peut tout récupérer lundi. («pas di­manche, car c’est jour du seigneur, et on va à la messe, moi compris», rajoute sérieusement notre «ami».)

J’aimerais, à titre personnel, rédiger un rapport et porter plainte pour abus d’autorité et non respect de certains de nos droits.

«   Eric