Editorial

Comme le rappelait Chomsky dans une interview récente, en citant Gramsci et avant lui Romain Rolland, nous devons avoir « le pessimisme de l’intellect et l’optimisme de la volonté ». Cette expression rend plutôt bien le ton de ce numéro d’AL . D’un côté, l’analyse des événements tant en Belgique que dans le reste du monde est plutôt désespérante : en témoignent les atteintes généralisées aux droits sociaux et syndicaux durement conquis par la lutte des classes, la toute-puissance des États sur les prisonniers, la domination de l’appareil judi­ciaire par le pouvoir, comme on le voit chez nous dans l’étouffement de l’affaire Dutroux, et ailleurs dans l’impunité des auteurs d’assassinats, dont les gouver­nements sont complices.

De l’autre côté, cependant, de plus en plus d’individus, regroupés ou non en associations, prennent conscience du problème politique global dont dépendent l’ensemble de ces pratiques révoltantes, et construisent progressivement une ri­poste qui soit la plus adéquate possible à l’union des puissants. Riposte globale, par la rencontre de ceux qui, dans le monde entier, ont pour ennemi commun le capitalisme dans sa nouvelle version multinationale et financière ; riposte locale, par la résistance obstinée et systématique à toutes les situations locales de domi­nation.

Chacun a la possibilité de choisir sa forme de résistance, et toutes se rejoignent et se renforcent l’une l’autre : manifester contre les centres fermés et les expul­sions, participer aux alternatives culturelles, soutenir les communautés en lutte dans le monde, diffuser inlassablement la volonté de bâtir un autre futur.

Changer le désespoir en révolte, et la révolte en construction. Joyeux mois de luttes!

«   Annick