Onkelinx défend le projet « Vandelanotte »


Pour rappel, il s’agit d’un projet de loi, déjà approuvé par le Conseil des mi­nistres, qui remplace le droit au mini­mex par un « droit à l’intégration so­ciale ». Ce projet sera bientôt déposé au parlement.

Il oblige tous les moins de vingt-cinq ans, et certain de plus de vingt-cinq ans que le CPAS désigne li­brement, à effectuer des démarches d’intégration en contrepartie de cette manne qu’est le minimex, augmen­tée d’ailleurs de 4% dans l’intervalle. Chaque mini­mexé de­vra aussi accepter un emploi que le CPAS propose, tel qu’un contrat d’intérim, un emploi article 60 ou tout au­tre. Le minimex sera alors activé pour dédommager l’employeur d’embaucher quelqu’un qui sort de la survie à 550 euros par mois (taux isolé), ce qui a souvent perturbé peu ou prou son employa­bilité en déré­glant son sommeil par manque de chauf­fage, son niveau d’activité parce qu’il n’y a que quand on ne bouge pas qu’on ne dépense pas, sa santé physi­que et psychologique, ses bonnes dis­posi­tions à l’égard de la société et des autori­tés, etc. C’est pourquoi, via l’activation du minimex, il faut dé­dommager… les employeurs.

Par contre, si le mi­nimexé refuse de signer le « contrat d’intégration » qu’on lui impose, pas de revenu d’intégration! S’il le signe mais qu’il n’accomplit pas les obligations qui s’y trouvent, la sanction est d’un mois de pri­vation de minimex; trois mois en cas de récidive dans l’année. S’il re­fuse l’emploi qu’on lui propose, je crois que la sanction est la même qu’en cas de non res­pect du contrat d’intégration, mais le projet de loi ne le dit pas ex­pressé­ment. Bagatelle que ces détails : le minimexé n’a qu’à bien se tenir et la question de la sanction ne se posera pas.

En décembre et ce 22 janvier, le parti socialiste organisa au palais des congrès de Liège une consulta­tion publique au sujet du projet Vandela­notte. Le Collectif de sou­tien aux minimexés* ne manqua pas d’y être présent avec de grandes pancartes qui disaient : « Non au travail forcé » et « minimex : un droit! » Quant ils nous virent ainsi affublés, ils crurent que nous allions chahuter; mais il n’y eut pas lieu de chahuter car nous consta­tâmes avec un immense bonheur que Ma­dame Dekeyser, députée euro­péenne, rejoignait notre position et conseillait à tout le parti socialiste de rejeter le projet de loi. Ce fut aussitôt l’opinion de l’écrasante majorité de la salle.

Négative est aussi l’opinion du Conseil d’Etat, consulté pour un avis mal­heureusement non publié sur ce projet de loi; et celle d’un service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale, qui regroupe d’ailleurs beaucoup des 130 asso­cia­tions signataires de notre plate-forme. Comme notre collectif, ce service veut l’intégration et la mise à l’emploi des mini­mexés sur une base purement volontaire et l’augmentation du mini­mex d’une dizaine de pourcent et non de quatre pourcent.

En janvier, Madame Dekeyser n’était plus là et était remplacée par Madame Onkelinx. La partie serait donc plus serrée, d’autant que Ma­dame Onkelinx avait déjà introduit dès 1993 la possi­bilité pour les CPAS d’exiger des contre­par­ties en échange du minimex. Cela avait donné le cas de ce prof tombé au minimex, qui avait eu le malheur de se sentir à nouveau d’attaque et de pro­poser au CPAS d’entamer des études syndicalement orientées (genre FOPES) : il se vit aussitôt imposer par son CPAS de ramener tous les mois, à côté de ses études, vingt attestations de présenta­tion à des employeurs pour recherche d’emploi. Onkelinx déplora bien sûr cet abus isolé (??) mais as­sura que les CPAS seraient plus raison­nables à l’avenir dans la déter­mina­tion des démarches d’intégration qu’ils de­manderaient aux mini­mexés.

En janvier, le collectif de soutien aux minimexés n’eut pas souvent le micro, mais de nouveau, des interlo­cuteurs divers et doués de bon sens parlèrent à sa place. Une juge au tribunal du tra­vail, un directeur d’une ASBL de réin­sertion des mi­ni­mexés, une directrice de CPAS plaidèrent pour la suppres­sion des sanctions et des contreparties impo­sées au minimex. Là-dessus, Lau­rette s’énerva un peu et y répondit qu’on ne pouvait pas faire du mini­mex une alloca­tion universelle. Tollé dans notre groupe : « Nous ne défen­dons pas l’allocation uni­ver­selle, nous dé­fen­dons un revenu sub­sidiaire pour ceux qui n’ont pas droit à un autre revenu, et ce revenu minimum doit rester ou redevenir un droit sans contrepartie! »

Il est clair que seul le gouvernement défend le projet Vandelanotte : pas la société civile, ni la base du parti so­cialiste. Mais cette base reste peut-être un peu trop polie. Le col­lectif de sou­tien aux minimexés aura encore fort à faire pour empêcher que les parle­mentaires, par politesse, ne fassent plaisir au gouvernement.

«   Cécily

«   Collectif de soutien aux mini­mexés

Infos : Bernadette Shaeck (mouchi@swing. be)
ou
cecilyfalla@wanadoo.be