AVRIL 2002 13-249

QUEBEC

 

LES CHIENS

ONT SOIF

 

Critiques & propositions anarchistes

Normand Baillargeon

 

Regardez-les aller. Lisez leurs journaux. Ecoutez leurs stations de radio. Regardez leurs chaines de television.  Les chiens ont soif.

 

Les medias sont deja, dans une large mesure, contrôles par les cartels auxquels ils appartiennent et jouent un role fondamental dans la preparation et l'adaptation des esprits aux "nouvelles realites". Tout cela echappe en partie a la connaissance du public comme a tout contrôle democratique.

L'ecole et l'universite sont desormais transformees dans leur mission et dans leurs valeurs constitutives par ces memes forces, pour les memes raisons et avec les memes objectifs. A defaut d'une vaste mobilisation populaire, c'est foutu. Il va falloir se battre. L'ennemi est enorme, mais, comme toujours, pas invincible, a condition de s'y mettre tous ensemble. Au nombre des solutions, il faut considerer l'Écopar pour concevoir et rendre possible la mise en place d'institutions economiques dans le respect de valeurs qui sont celles de la gauche, plus precisement de la gauche libertaire.

 

 

 

Militant anarchiste, Normand Baillargeon enseigne l'histoire de l'education et la philosophie a l'Universite du Quebec a Montreal.

Dernier livre paru: L'ORDRE MOINS LE POUVOIR, Histoire & actualité de l'anarchisme, Agone,

Collection "Memoires sociales", Marseille, 2001

http://atheles.org/agone/lordremoinslepouvoir

 

 

 

ISBN 2-910846-66-0

Prix : 16 e

186 pages / format 12*21 cm

http://atheles.org/agone/leschiensontsoif

…Une graine d'Anar ?


L'équipe d'AL salue chaleureusement la naissance de Kaï, et adresse à ses heureux parents les compliments les plus enthousiastes.

(photo prise au Centre Libertaire)

  ECRITURE EN ACTION

 

1ER SALON ANARCHOSYNDICALISTE ET SYNDICALISTE REVOLUTIONNAIRE DU LIVRE

27 AVRIL 13H-20H, entrée libre

MAISON DE QUARTIER / THEATRE MASSENET

Atelier d’écriture – conférence / débat – théâtre

Rue Massenet (m° Fives), Lille –Fives, FRANCE.

Rens. : 0320569610 / cnt.lille@wanadoo.fr

 

Ce premier salon anarchosyndicaliste et syndicaliste révolutionnaire du livre de Lille entend, par les différentes manifestations de la journée (atelier d’écriture, conférence / débat, théâtre, présentations d’éditeurs, micro-édition, troc de textes) trouver les formes de contestations sociales qui peuvent émerger de l’écriture.

Entre « degré zéro » de la contestation et creuset des idées révolutionnaires et des luttes sociales, l’écriture se révèle être un outil d’émancipation individuelle et collective. Mais à quelles conditions et à quel prix ?

Balancés dans un champ éditorial dominé par l’édition industrielle et marchande, la parole personnelle et l’écriture émancipatrice ont sans doute des difficultés à se poser et même peut-être à se définir

Gageons que la rencontre d’éditeurs, d’auteurs, de créateurs et de lecteurs dans ce modeste petit coin de terre contribue à la richesse des réponses.

 

Au meeting électoral 

tout le monde n’est pas invité !

 

Premier meeting de campagne de Jospin jeudi 7 mars à Lille.  Les sans papiers avaient décidés de l'accueillir pour lui rappeler ses promesses d'ivrogne de 1997, abrogation des lois Pasqua et régularisation des sans papiers.  Premier meeting, et déjà les matraques ont parlé.  Ça commençait mal : environ 400 sans papiers de Lille et de Roubaix ont été bloqués par la police à 500 mètres du lieu du meeting, afin de les empêcher de rencontrer le bon  peuple de gauche venu écouter la bonne parole désormais sécuritaire et responsable de leur champion. Belle mobilisation d'un mouvement en pleine renaissance sur Lille.  Quelques-uns d'entre eux avaient pu se faufiler jusqu'à l'entrée du meeting, où ils ont rencontré d'autres mouvements de lutte, comme ces hôpitaux psychiatriques de l'agglomération en grève pour obtenir plus de moyens et un passage au 35H décent.  Ceux-ci ont pu constater d'étranges scènes à l'entrée du meeting : les vigiles retiraient des mains des spectateurs qui voulaient rentrer les tracts des hospitaliers en lutte et des sans papiers.  Pendant ce temps-là, la manifestation des sans papiers attendait vainement, en chantant leur colère, que les cordons de CRS qui les entouraient, les laissent enfin accéder au meeting.  Ce n'est pas la première fois que les sans papiers lillois se heurtent à des cordons de CRS lorsqu'ils tentent de s'approcher de réunions électorales.  Martine Aubry leur avait déjà interdit l'entrée des siennes l'an dernier pour les municipales.  Les sans papiers avaient alors dénoncé ces procédés dignes du second empire, quand les candidats qui plaisaient à Napoléon III bénéficiaient d'une protection policière contre la populace. 

Au bout de deux heures de sur place, nous sommes donc repartis en manifestation à travers la ville.  La police n'a pas dû bien faire son travail, ce soir-là, puisqu'elle n'a pas réussi à empêcher une nouvelle occupation des sans papiers de Lille.  Cette fois-ci, la cible a  été la fac de droit, dans le quartier de Moulins, où ont réussi à s'engouffrer 150 personnes avant que, dépitées, les forces de l'ordre n'arrivent.  Cela faisait plus d'un an que les sans papiers lillois n'avaient pas réussi d'action de ce type.  Mais il faut dire que la génération actuelle, création directe des lois Chevènement et du gouvernement socialiste, est particulièrement dynamique. Il est probable que la police se soient peu soucié de demander l'ordre d'expulsion auprès du président de la fac, car l'évacuation n'aura pas traîné, et elle aura été particulièrement violente.  Pas de la part des sans papiers, bien évidemment, mais de la police.  On peut dire que les manifestant-e-s ont été victimes d'un tabassage en règle.  Près d'une trentaine de personnes de personnes ont été blessées, dont dix ont été hospitalisées par le SAMU.

Jospin se voulait un candidat responsable, près à mettre le paquet pour la sécurité des français. Aurait-il donné un avant-goût, à Lille, de son programme de lendemain d'élection?


Vivement le meeting de Chevènement!

«Bertrand Dekoninck

 

Je voudrais bien être un oiseau et m’envoler très haut, au dessus de ces cités et de l’asphalte qui me goudronne au sol.

 

 

J’ai tout juste 10 ans et les rêves détruits.  Pourtant, je sais, c’est écrit dans les livres d’enfants, 10 ans, c’est un bel âge.  Pourquoi faire ?  Je vivais avec maman, papa, mes deux petits frères.  Puis, y en a un qui est mort.  C’était ma faute.  Maman était saoul, papa chez la maîtresse d’école.  Il faisait froid dans le petit chez nous.  J’ai cru bien faire.  J’ai allumé le feu.  Pas dans la cheminée.  On en a pas.  Mais dans la chambre.  Il est mort asphyxié.  Enfin comme ça, il n’a plus froid ? ni faim.  Le pire, c’est qu’en rentrant chez nous, tout le monde disait : « Comment font-ils pour vivre là-dedans.».  Mais on ne m’a pas demandé mon avis.

 

Un jour, je serai un oiseau. 

C’est une évidence. 

C’est ma meilleure amie qui me l’a dit. 

Je la crois. 

Pourquoi mentirait-elle ?

C’est ma meilleure amie. 

 

En Belgique, c’est mon pays, il parait que beaucoup de gens ont encore faim.  Que dans les gares le soir, les guirlandes de clochards réveillonnent jusqu’au petit matin.  Tout, est petit ici, de toute manière.  Un jour, je ne serai pas grande.  C’est moi qui ait décidé.  A chacun sa chance.  Moi, je ne veux pas grandir.  De peur d’avoir encore plus soif de tout connaître.  Ici, y a pas d’avenir.  C’est mon père qui dit ça tout le temps.  Avant, je ne le voyais jamais.  Il travaillait toujours très tard, et puis un matin, il n’est jamais plus parti.  Au début, il me racontait des histoires, jouait avec mes petits frères.  Puis, avec le temps, à force de ne rien faire du tout, il eut une crise cardiaque.  Elle le fixa au lit pendant des semaines.  Le médecin lui prescrit beaucoup de médicaments, et surtout beaucoup de repos. 

Ca, y avait pas de danger. 

 

«Sebastien Vanden Berghe