Palestine… vers la solution finale ?


A l'égard de la Palestine et de sa po­pulation les hordes soldatesques de l'état israélien ne procèdent pas à des agressions, des invasions, des enlève­ments, des séquestrations, des dépor­tations, des actes de torture, des assas­sinats… mais à des… des actes de défense préventive, à des incursions, des arrestations, des dé-ré-tentions, des déplacements, des interrogatoires, des amputations chirurgicales…car cet état, voyez-vous, n'est lié ni par sa constitution et son corpus de lois, ni par les conventions et les traités inter­nationaux (qu'il a pourtant ratifiés) puisqu'il bénéficie d'un droit éternel à l'impunité que lui ont accordé les puis­sances occidentales en repentance de l'holocauste et qu'un lobbying politi­que, médiatique, religieux, financier… sait savamment rappeler à celles et ceux qui oseraient le mettre en cause.

Ce droit à l'impunité est, bien entendu, unique car les communistes, les anar­chistes, les homosexuel(le)s, les mala­des mentaux, les déviant(e)s, les tzi­ganes, les opposant(e)s…, dans quel­que pays que ce soit ne peuvent se prévaloir aujourd'hui de l'extermina­tion de leurs semblables pour légitimer d'éventuels actes criminels.

Mais, comme on le sait, la soldatesque israélienne ne terrorise pas, ne torture pas, ne massacre pas d'innocentes populations civiles mais des… terro­ristes et si, d'aventure, un(e) inno­cent(e) – un nouveau-né, un enfant, une femme enceinte, un vieillard, un médecin, une institutrice, un observa­teur étranger… - était la victime de cette justice sans limite cette impunité ne serait pas pour autant levée car, bien entendu, la justice est… aveugle et ne saurait être rendue coupable de sa cécité. De plus, à l'instar des camps de la mort, le lit de justice de l'état israélien ne résonne dans aucune conscience de quelque dirigeant, poli­tique, économique, religieux…, occi­dental que ce soit : les cris de l'inno­cent(e) sont vains car ils sont voués à la surdité des sages.

Mais, il faut bien l'admettre, cette horde n'est point de barbares mais de civilisés : outre qu'elle veille à ne point détériorer les lieux saints (du moins ceux de l'occident), se conten­tant d'en faire des lieux… ceints vouant celles et ceux qui s'y terrent au choix de leur mort – par la faim ou la balle - et, en cas d'erreur de tir, voyant ses excuses acceptées avant même d'être prononcées, elle sait mettre à profit toute la puissance mortifère de la science et de la technologie pour effacer ces primitifs(ves) que sont les Palestinien(ne)s qui, eux-elles, en sont resté(e)s à l'âge de… la pierre révélant ainsi cette même intelligence, ce même rationalisme, cette même orga­nisation, ce même zèle méthodique, ce même souci de la perfection… qui prévalurent à la théorisation puis à la construction et, enfin, à la gestion des camps de la mort, autrement dit à l'holocauste comme forme (alors) achevée d'extermination.

Une fois de plus l'Histoire se répète : l'élève doué dépasse le maître et les victimes d'hier se montrent aujourd'hui des tortionnaires bien plus… redouta­blement efficaces que les anciens bourreaux.

D'aucun(e)s ne manquent pas de légi­timer cette barbarie en la présentant comme un acte de justice : la sanction (le châtiment ?) du… terrorisme. Mais c'est oublier là quelques… détails :

·     la justice, dans sa conception occidentale, suppose une séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire ainsi que la constitution d'un corps judiciaire qui ne saurait se confondre avec celui des forces armées qui, sous l'autorité du premier n'a pas pour vocation à rendre la justice mais à défendre les frontières natio­nales;

·     la représentation symbolique de la justice occidentale est celle d'une femme qui, bien qu'aveuglée par un bandeau, porte dans une main un glaive mais dans l'autre une… balance. Ainsi, cette allégorie rap­pelle à celles/ceux qui l'auraient ou­blié qu'il ne peut y avoir de justice:

o  sans instruction préalable à charge et à décharge, sans droit à la dé­fense, sans procès tenu en séance publique dans un tribunal, sans ju­gement rendu par un jury ou, pour les cas mineurs, par un juge, sans possibilité d'appel…;

o  si le seul instrument de justice est… glaive;

o  sans distinction entre celui qui pro­nonce le jugement et celui qui l'exécute;

o  si les droits de certain(e)s fondent le non-droit d'autres,

o  s'il n'y a pas une proportionna­lité équitable entre le délit et la sanc­tion;

o  sans préexistence d'une loi, sans qualification des infractions et sans individualisation des responsa­bilités et des éventuelles sanctions.

Or, que constatons nous ? la horde soldatesque israélienne :

·     est à la fois procureur, juge et bourreau et ne relève pas d'une auto­rité judiciaire indépendante mais de sa propre autorité, c'est-à-dire celle de l'état israélien;

·     désigne d'avance les coupa­bles, les juge par contumace sans admettre le plus petit moyen de dé­fense et exécute aussitôt ses juge­ments en appliquant une peine uni­que : la mort;

·     se reconnaît le droit de légi­time défense pour le dénier aux pa­lestinien(ne)s;

·     exécute, déporte, séquestre… sommairement des populations entiè­res (de maison s, de rues, de villa­ges…) sans chercher à établir et in­dividualiser d'éventuelles culpabili­tés au regard du droit international - puisqu'elle œuvre en dehors de ses (pseudo)frontières – et en totale dé­mesure avec les chefs d'accusation.

La soldatesque israélienne, en repro­duisant l'accusation collective que les nazis proféraient contre les juifs (mais aussi les communistes, les tziganes…, bref tous leurs ennemis), procèdent, comme eux à la… solution finale de la question palestinienne, autrement dit à l'extermination méthodique, sys­tématique de la population palesti­nienne en ne lui laissant d'autre choix, tout comme pour les juifs de l'Europe dominée par les nazis : la valise ou le cercueil.

Le terrorisme palestinien n'est certes pas excusable – quel terrorisme frap­pant des civils peut l'être ? – mais, pour celles et ceux qui se savent condamné(e)s à mort, il est assurément le geste désespéré – et, par ailleurs, totalement vain contre la puissance de feu de la horde soldatesque israélienne - d'une ultime revendication au droit d'exister comme l'étaient les attentats de résistant(e)s et les révoltes de dé­porté(e)s.

Enfant, j'ai vibré de mon cœur, de mes tripes et de ma raison face à l'hé­roïsme de ces résistant(e)s et de ces déporté(e)s car j'y voyais l'affirmation de l'humanité contre la barbarie, de la liberté contre le totalitarisme, de la dignité contre le renoncement. En même temps, je souffrais des souf­frances des victimes des camps de la mort et donc des juifs. Avec beaucoup d'autres je clamais : "Plus jamais ça" et, pourtant, l'indicible horreur de la barbarie est revenue et l'holocauste recommence, sous d'autres cieux, aux dépens d'un autre peuple qui, rappe­lons-le, ne porte aucune responsabilité dans celui des juifs.

Aujourd'hui, une fois de plus, je suis en deuil de l'humanité et j'ai mal à mon humanisme.

Encore et toujours du sang, des lar­mes, des cris de souffrance, des appels au secours… Que faire ? Que puis-je faire ? Assurément rien d'efficace quand tout un peuple ne peut s'opposer à une horde barbare qui dispose mas­sivement de moyens militaires sophis­tiqués mais, surtout, de la complicité, active ou passive, peu importe, d'États qui, eux, pourraient faire cesser le massacre et qui, non seulement ne le font pas mais encore l'encourage en renforçant le potentiel militaire de la horde et en étouffant les cris de pro­testation et de révolte de femmes et d'hommes libres se proclamant d'une humanité une et universelle.

Rien d'efficace et de vraiment utile, si ce n'est d'affirmer que je condamne le génocide du peuple palestinien comme j'aurais condamné et condamnerais celui du peuple israélien qui serait conduit au nom d'une autre élection divine ou de tout autre motif.

Je meurs un peu dans chaque victime innocente de la barbarie. Je meurs beaucoup lorsque les victimes sont nombreuses. Je meurs à mon huma­nisme mais pas à mon humanité. En­core moins à la vie et cela devient insupportable… révoltant.

«                 JC

Note de la rédaction: le comité édito­rial était partagé à propos de ce texte et a proposé à son auteur d'en modifier certaines phrases, dans l'idée que ce qui se passe n'est pas exactement identique à la solution finale nazie. Mais l'auteur a insisté pour maintenir sa comparaison, en se défendant de toute accusation d'antisémitisme:

"En effet, ce n'est pas être anti-israé­lien et, pour être explicite, anti-juif, que de dénoncer les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis au nom du sionisme par l'état israélien contre les Palestinien(ne)s. De même qu'il n'est pas anti-allemand, anti-russe, anti-chinois… de dénoncer les crimes de même nature par les états allemand, soviétique, chinois… au nom du nazisme, du marxisme, du maoïsme…(…).