ESPECE DE CONNARD !

Siné se mord les doigts d'avoir voté Chirac

 


 

"Je ne vote pas. Aux dernières élections je n'ai pas voté non plus, et je ne le regrette pas. Quand on voit les résultats…, c'est ridicule! "

(Bernard Lavillier, sur France Inter)

 

Siné, l'anar de service de CHARLIE HEBDO, après avoir annoncé qu'il votait par procuration pour ne pas se salir les mains (..? de la part d'un homme public, c'est pratiquement un appel!) a eu un sursaut de lucidité dans sa sénilité.

De quoi clouer le bec à d'autres, qui vont nous bassiner leurs justificatifs pendant 5 ans, histoire de se persuader qu'ils n'ont pas déliré.

"A la sinistre lueur des événements, et avant même de connaître les résultats, dont à peu près tout le monde se fout à part les intéressés qui craignent pour leur pactole, le "sursaut de civisme", comme certains dénomment le phénomène de pétoche dû au score inattendu des crapules lepenistes, se révèle, à mon avis, avoir été une belle connerie! Voter aussi massivement, et même pour certains, "sans état d'âme", pour "Super-Escroc-Menteur" ne pouvait que conduire à une catastrophe. Pas besoin d'être fin politologue pour deviner le raz-de-marée qui allait nous tomber sur le coin de la gueule aux élections législatives qui suivaient dans la foulée. Le syndrome de Panurge était inévitable et nous n'avons qu'à faire notre mea-culpa au lieu de râler. Plutôt que de morigéner les abstentionnistes, reconnaissons que ce sont les seuls qui ont un peu sauvé l'honneur au cours de cette mascarade".

Et voici le 2 ème volet de Siné dans Charlie Hebdo du 10 juillet.

 

ESPECE DE CONNARD ! (Siné se dessine s'engeulant devant le miroir)

Putain ... tous les matins (mais pas seulement ; les journées, les soirées et les nuits aussi !) je me mords les doigts d'avoir voté Chirac. Je me bats la coulpe, je m'arrache les cheveux, je me pince les couilles, je me tords les bras, je me flagelle le dos, je me lacère la poitrine, je me roule par terre, dans la fange et les fourmillières, je bave des ronds de chapeau, je vomis de la bile, je chie du sang, je pisse du vinaigre. J'ai la honte, j'ai la haine, le teint blême, les yeux chassieux, les mains moites, les ongles sales,les pets foireux. Je déprime, je souffre, sanglote, hurle à la mort. Je me sens mal, obscène, gluant. C'est plus fort que moi : je n'arrive pas à me pardonner ni même à m'accorder des circonstances atténuantes. Je m'en veux, je m'agonis, je me débecte, je me pue au nez.

La seule grâce que je me souhaite est d'avoir le courage de devenir  kamikaze plutôt que de me faire hara-kiri. Je crois que c'est la première fois de ma vie que je commet une telle vilenie. En toute connaissance de cause, en pesant le pour et le contre, en m'asseyant sur mes états d'âme, en me torchant avec mes principes, en foulant aux pieds mes plus intimes convictions ! Pauvre con ! Abruti ! Peigne-cul ! Branleur ! Sac à vin ! Bien fait pour ma gueule ! Les millions de pigeons qui, comme moi, ont voté connement pour lui savaient parfaitement ce qui allait leur tomber sur le coin de la gueule. Difficile maintenant de râler, de critiquer, de se plaindre. On l'a voulu, on l'a eu ... dans le cul !

On comprendrais mal pourquoi, avec les pleins pouvoir obtenus grâce à nous, ce pervers cynique ne nous l'introduirait pas le plus profondément possible ... jusqu'à l'os. Avec son score dément, pas besoin de vaseline ! Encore heureux s'il met un préservatif ! Le problème est qu'on ne peut décement gueuler au viol après avoir été consentant. C.Q.F.D.

Là un dessin de Chirac enculant Mariane/république en disant " tu les sens  mes grosses réforme, hein ?" et Mariane "aïe"

Biz,

«CRIS

 

La démocratie

n'est pas un chèque en blanc

Pierre Bourdieu

Je pense qu'il y a une légitimité de la délégation politique. Je crois vraiment qu'il est important que les citoyens puissent à la fois avoir des délégués, garder le contrôle de ces délégués, tout en gardant l'accès direct à la parole à côté des délégués et parfois même contre les délégués. C'est ça la démocratie. Alors que les formes autoritaires de démocratie, c'est-à-dire la non-démocratie, consistent à plébisciter une fois pour toutes des délégués qui ensuite parlent à la place de ceux qu'ils sont censés représenter.

Tout le monde disserte sur la démocratie, c'est un des thèmes favoris des philosophes de la politique : la philo du pauvre. La démocratie, en termes simples, c'est fondamentalement cette délégation contrôlée : ce n'est pas un chèque en blanc !

Or, les rappels à l'ordre à la Henri Weber, à la Chevènement ou à la Jospin sont des demandes de délégation absolues, inconditionnelles, une fois pour toutes ! Nous avons pour nous le vote et les sondages, cette sorte de caution magique du politique, moyennant quoi laissez-nous en paix, nous roulons pour vous, nous pensons pour vous.

Et là, je pense que les intellectuels, si ça existe, sont en droit de revendiquer ce droit à la parole pour eux, mais aussi pour les autres. Dans la mesure où, par leur position, par leur travail, etc., ils ont un tout petit peu accès à la parole compétente. Sur la plupart des sujets, il y a des tas d'intellectuels qui sont plus compétents que les politiques, je suis désolé ! (…) Ces gens-là ont le droit à la parole pour eux-mêmes et ils ont aussi le droit de rappeler que tout le monde a droit à la parole ; au moins pour dire qu'ils ne sentent pas exprimés par les porte-paroles.