Extrait du HUCHOER N°6

 

La démocratie espagnole (Atchoum !!!)

 

Petite devinette : si je vous dis, c'est un pays qui pratique couramment la torture (viols, passages à tabacs, simulations d'exécution...), un pays où un jeune de plus de 16 ans balançant un cocktail sur un guichet de banque peut-être directement condamné à 10 de prison ferme sous l'accusation de Terrorisme, un pays dirigé par une droite extrême dont certains responsables occupaient déjà des fonctions du temps d'un sombre dictateur (avant 1975),  un pays ou un juge peut comme cela suspendre les activités d'un parti politique représentant plus de 200 000 électeurs, un pays qui illégalise le soutien aux prisonniers et les associations concernées par cette activité, un pays où certains condamnés le sont pour plus de 1000 ans (le soleil doit là-bas garantir un espérance de vie considérable), un pays où l'on met à plusieurs reprises en prison, sans aucun motif, un journaliste d'investigation un peu trop... investigateur, un pays où des groupes d'extrême droite s'arment et menacent avec l'appui d'un État consentant voire complice, un pays où dès que vous dites le mot 'liberté' sans que se soit avec la même déformation que celle donnée par les gouvernants vous êtes accusés de soutenir un groupe de rebelles, un pays où l'on peut en toute quiétude interdire les manifestations, les groupes de jeunes, les radios,les journaux ?

 


 

La Turquie ? Ça pourrait, mais ce n'est pas à celui-ci que je pense. Une sombre contrée d'Amérique du Sud ? Non, n'allez pas cherchez si loin. Bon prince, je vous donne un indice : c'est un pays qui sent bon le soleil, les fruits, la mer et qui pue la corrida... Ah, vous devinez ? Non pas possible, l'Espagne ? Ben, ouais.

 

Que ce soit envers les basques, les anarchistes, ou les anciens groupes d'anti-franquistes le gouvernement d'Aznar a une conception bien étrange de la Démocratie (un peu la même en fait qu'un certain SSarkozy, un sieur BerluSSconi, un... enfin ce truc là... BuSSh).

 

La torture, parlons-en (ne serait-ce que pour déranger ce gouvernement qui cherche justement à ne pas en parler) : Iratxe Solerzabal, Unaï Romano pour ne citer que les plus graves et les plus connus mais tant d'autres encore (près de 80 cas chaque année, ils ne s'agit pas de cas particulier mais bien d'une généralisation de la torture comme méthode d'interrogatoire, d'intimidation, ou de punition). De la négation complète de ce phénomène aux explications les plus farfelues ("accident", "ils se font ça eux-mêmes"..), en passant par l'absolution quasi systématique des bouchers voire même le refus de certains juges d'enregistrer les plaintes concernant les actes de torture, les réponses montrent que loin de reconnaître ses pratiques, l'Espagne compte bien les poursuivre et les pérenniser dans le temps. D'ailleurs face aux organisations spécialisées qui enquêtent sur le sujet (TAT, LDH, Amnesty...), et face aux preuves existantes (photos, certificats médicaux, témoignages) Aznar ferme sa gueule mais garde le sourire. 11 ne faut pas d'ailleurs oublier que la France a une part active dans ce processus puisqu'elle fournit, en toute connaissance de cause, un important contingent de victimes aux bourreaux espagnols par le biais des expulsions, et autres actes de collaboration divers. Ah, Chirac et Aznar se félicitent bien souvent de leur collaboration "anti-terroriste". Les GRAPO, le PCE(r), les Basques... L'ESPAGNE  TORTURE   LA FRANCE COLLABORE : le slogan reste d'actualité. Mais de fait par son silence, c'est toute l'Europe qui collabore, c'est aussi nous, les gens qui ignorons ou fermons les yeux sur le sujet. Sur le plan politique, Aznar nous prouve qu'il sait faire acte de pacifisme : pour solutionner un problème politique dans lequel ses adversaires ont multiplié les trêves, les propositions de paix (Accord de Lizarra et autres), il a fait interdire Haika (mouvement .de jeunesse), lancer des accusations contre les médias basques, emprisonner des jeunes suspectés de Kale Borroka, supprimer les organisations d'aides aux prisonnier, arrêter une négociatrice de la partie adverse, fermer les yeux sur les activités des Phalangistes, pour finir, il contribue fortement à la disparition d'un mouvement politique... Mais les combattants basques sauront, il faut l'espérer, répondre favorablement  à de tels actes de paix ! De toute manière, Aznar ne souhaite en aucun cas la paix : la guerre, c'est son fond de commerce, ce qui l'a fait élire, ce qui le maintiendra au pouvoir. Un petit peu comme l'Irak pour l'administration BuSSh. En effet, si Aznar peut déblatérer pendant des heures sur les moyens à mettre en œuvre pour clore le bec à des basques un peu trop remuants, il n'a rien d'autre, et surtout pas de politique sociale (ou plutôt si, mais elle n'est pas franchement en faveur des ouvriers et des couches défavorisées). Les conflits sociaux éclatent régulièrement, mais Monseigneur Aznar n'en a cure. La grève générale des 19 avril (Euskadi) et 20 avril (Espagne), il s'en moque. Alors que tous les journaux du monde parlaient d'un Madrid paralysé, d'une économie tournant au ralenti, lui en parlait comme d'un événement insignifiant, suivi par des marginaux... Bref pas de problème et tout va bien au royaume Aznar.

 

Précédemment, j'évoquais le soutien aux prisonniers et son interdiction. Attention, si dans les faits, c'est une association, les Gestoras pro amnistia qui a disparu (et SES membres enfermés par la même occasion), c'est le principe même qui a été interdit. C'est entre autre ce qui a permis d'interdire peu de temps après Askatasuna, une autre organisation de soutien, au seul motif qu'elle poursuivait les mêmes objectifs (la défense des prisonniers politiques basques) que les Gestoras. Ce n'est donc pas un délit quelconque qui lui était reproché mais bien son activité. Toujours la démocratie espagnole en action dans toute sa beauté !

 

SI FRANCO EST MORT, LE FRANQUISME A SURVECU.

 

 

é le_huchoer@hotmail.com