La page de Roger

 

Ils ont voté et puis après…

 

Ça y est, c’est fait, Bush, sa famille et leurs copains affairistes sont les maîtres incontestés, suffrage universel oblige, de la plus grande démocrassie incontestée du monde et même de l’univers pour autant que l’on y trouve âme qui survive, pétrole ou toute autre forme d’énergie ou de minerais précieux qui pourraient rapporter des $, ou même des €, ou même des dinars, ou même des kopecks à Bush, sa famille ou leurs copains affairistes.

Non, non, croyez m’en, il ne s’agit nullement d’un putsch. C’est le suffrage universel, ce machin qui bien sûr se manipule mais qui est l’incontestable meilleure façon de respecter les attentes et les désirs les plus profonds d’une nation.

 C’est ce machin qui a fait se déplacer toute une série de beaufs d’outre-atlantique en chemises à carreaux, jeans et santiags, coiffés de  chapeaux de cow-boys pour aller remplir leur devoir républicain. Et ce, parce qu’ils sont pour la démocrassie puisqu’ils sont républicains.

Note : Par républicains, aux U.S.A., il faut comprendre dignes descendants des premiers colons qui se sont installés là bas après avoir zigouillé tout (ou presque) un peuple qui ne demandait rien à personne et qui en ont parqué les derniers survivants dans des réserves soigneusement délimitées.

Bien mal leur en pris car pour cultiver leurs champs de coton, ils durent faire venir d’Afrique, à prix d’or, des esclaves noirs qui avaient la fâcheuse habitude de crever comme des mouches durant le voyage. Après les avoir traités pis que des chiens, il fallut bien en faire quelque chose ; Ils les ont parqués dans des ghettos.

Mais bon, ce ne sont que des aléas de l’histoire, on ne va pas en faire tout un plat…

Toujours est-il que le clan Bush est là et bien là !

Il peut à sa guise se tripoter la bombinette. Personne n’a rien à lui redire !

Ceux qui l’avaient pris pour un demeuré qui allait se planter méchant dans les semaines suivant son élection n’ont qu’à s’en mordre les doigts.

Bush fait son boulot : il remplit ses poches celles de sa famille et celles de ses copains affairistes avalisé en cela par les votes d’un tas de beaufs dont il n’a de cesse que de flatter les plus bas instincts.

C’est pour cela qu’il a été élu. Il fait son boulot.

Punkt, aan de lijn !

 

Revenons plus près de chez nous, en France, par exemple.

 

Entre les deux tours des dernières élections présidentielles, on aurait cru que la patrie des droits de l’homme avait été secouée par un cataclysme d’une amplitude non encore répertoriée sur l’échelle de Richter : le candidat de gôche ne serait pas présent au second tour !

Qui s’en étonnera ? Quelle était donc la différence fondamentale entre les programmes de Chiquin et Josrac ? Le bon sens de l’électeur lambda (qui se limite souvent à un réflexe purement anal privé par définition de toute analyse rationnelle) le fera toujours préférer l’original à son clone.

Dès lors, il fallait se mobiliser, faire du vote civique l’unique rempart contre le fascisme.

Ben tiens,…

Une fois élu, plébiscité devrait-on dire (même par certains anars !), Chirac, truand notoire désormais intouchable, et ses amis n’ont fait qu’appliquer leur programme à la lettre. Qui donc irait leur reprocher quoi que ce soit ?

Ce qui me fait le plus mal c’est de devoir dire à des compagnons que je respecte et que j’aime qu’ils n’ont qu’à se battre la coulpe. Ce qui se passe aujourd’hui outre Quiévrain, c’est ce pour quoi ils ont voté et appelé à voter. Merde !

Ce qui ne veut surtout pas dire dans mon esprit qu’il faille se mettre à se chercher  poux et morpions. Seules les luttes radicales ont quelques chances d’inverser le mouvement.

Il ne faudrait surtout pas qu’aux prochaines réjouissances électorales, l’électeur lambda défini plus haut n’ait à choisir qu’entre Sarkopen et Lezy. Il risquerait une fois encore de préférer l’original à son clone.

 

Revenons encore plus près de chez nous, en Communauté Française de Belgique par exemple.

 

Prenons un parti respectable s’il en est, le MR, ex PRL (libéral), qui vient de se fédérer avec le MCC (ex scission du Parti Social Chrétien) et le FDF (parti se réclamant de la défense des intérêts des francophones de la région bruxelloise et de sa périphérie). Ce parti (le MR donc) se présente comme le défenseur inconditionnel des libertés, de la démocrassie, des droits de l’homme et du citoyen (ce qui n’est donc pas la même chose) sans distinction, de sexe, d’âge, de religion, et de je ne sais encore de quel bidon.

 

Les différents appareils (par ailleurs très complexes ) de cette entité incontournable de cette chère Belgique, pays que personne ne nous envie si ce n’est pour son chocolat ,le manneken pis, les moules de chez Léon, Salvator et Adamo, le Roi Albert et ses motos.

Ces différents appareils, comme ceux de tous les autres partis, ont notamment pour fonction de répartir les bons points entre leurs membres (bon point : lire portefeuilles ministériels ou autres, postes honorifiques lucratifs ou autres, places en ordre utile ou inutile sur les listes électorales…)

Tout ceci, bien évidemment de façon démocrassique.

C’est ainsi qu’un des pontes du dit MR se retrouve dans un double fauteuil ministériel du gouvernement fédéral tandis que son tout jeune fils se voit offrir un marocain à la Région Wallonne.

Le président du même MR ex maïeur (maire en wallon) de Thuin déménage juste à temps en Région Bruxelloise pour y devenir bourgmestre (maïeur en bruxellois) pendant que son fils se voit attribuer un échevinat (poste d’adjoint au maire en français de Belgique) à Thuin.

Le ministre président de la Communauté Française, membre éminent du MR, se domicilie dans un minuscule village de la région d’Ath dont le député (membre du MR) n’hésite que rarement, paraît-il, à ruer (très, très poliment) dans les brancards.

Vous suivez toujours ? Oui, alors, je continue. Les élections approchent et c’est le ministre qui mènera la liste. Na !

Le député ne s’inquiète pas, il prendra la seconde place.

Et bien non, elle est réservée à une avocate ex membre du MCC (voir plus haut).

Tant pis, notre député se contentera de la place de suppléant derrière son sinistre.

Que nenni, cette place a été dévolue au fils du président du MR qui, souvenez-vous, n’est toujours qu’échevin à Thuin, ce qui, avouez-le fait quand même un peu désordre.

Le dépité n’a plus qu’à retourner à ses chères étude et ce n’est pas moi qui l’en plaindrai. C’est cela la démocrassie. Et, on ne fait pas mieux, c’est du moins ce que nous a chanté le cher dépité durant plus de deux décennies.

Et j’en dirais… Et j’en  dirais …

Ce qui me fait mal, c’est qu’à chaque élection il y a des tas de gens sympathique qui se font mettre.

Que l’on me comprenne bien, il faudra toujours voter.

Toujours !

Mais pas n’importe comment, pas n’importe pourquoi, pas n’importe pour qui, pas à n’importe quel prix !

Le mandat impératif, la rotation des mandatements, la possibilité de révocation des mandatés, le fédéralisme libertaire ce n’est pas que du vent et ça peut exister du jour au lendemain. Il suffit de le décider en commençant par ici et tout de suite (je sais, on l’a déjà dit 10000 fois, mais il faut croire que cela ne suffit pas) !

Il est vrai que quelquefois quelques électeurs poussent une gueulante mais quand je les écoute, je ne peux m’empêcher de penser au mec à qui on veut vendre des godasses trop petites et qui se fait couper les orteils plutôt que d’en voler une paire qui taillerait quelques pointures en plus.

 

Des vilains cocos veulent virer les squatters de la Charade

 

Saint-Martin d’Héres, municipalité communiste de la région de Grenoble.

Depuis 4 ans, un hôtel situé sur la place de 8 février 1962 est à l’abandon. Depuis tout ce temps, et quoi qu’en dise la mairie, plusieurs propositions d’occupations du lieu lui ont été faites. Propositions qui n’ont jamais reçu que fins de non recevoir.

Début octobre, un groupe d’une dizaine de personnes a investi le lieu avec pour projet d’y loger mais aussi d’y installer un espace d’animation sans subvention et autonome vis à vis des institutions.

L’objectif premier de ce lieu qui s’appellera désormais la Charade est d’agir en direction et avec les habitant-e-s du quartier.

La plupart de leurs principes de base sont de ceux qui me/nous  font chaud au cœur.

 

Remise en cause de la propriété  - Squat.

De nombreux bâtiments sont laissés à l’abandon dans la région alors que de nombreuses personnes sont à la recherche d’un logement décent.

Refus de payer pour un besoin qui ne devrait pas être soumis à condition.

La propriété ne se justifie que si le/la propriétaire du bien en fait un usage direct et que la dite propriété & est accessible à tous.

La propriété privée mène à l’accu-mulation des richesses dans les mains de quelques un-e-s

Habitation collective.

Envie de vivre à plusieurs.

Mise en commun d’outils (de la clé à molette aux livres en passant par l’ordinateur et la passoire).

Échange de savoir (cuisine, plomberie,…).

Partage des tâches (sans spécialisation) et des frais (factures, nourriture…).

 

Activités, animations …

Atelier de circulation de savoir.

Zone de gratuité (on y apporte ce dont on n’a plus besoin et/ou on emporte ce dont on a besoin).

Espace de rencontre, de réflexion et d’action féministe.

Gestion et prise de décisions collectives.

Tentations & idées politiques.

Se réapproprier son temps, ne plus perdre sa vie à la gagner.

Autogestion.

 S’efforcer d’analyser et de combattre les rapports de dominations (chefferie, sexisme, racisme, homo et lesbophobie, …) à l’intérieur du squat et à l’extérieur.

Ancrage des réflexions et des actions dans des luttes globales (du quartier au monde entier) afin de prendre en main l’organisation de sa vie.

Tant de bouffées de liberté, de désir d’autonomie et de volonté de respect de l’individu ne pouvaient que hérisser le poil des nostalgiques du stalinisme qui tiennent la mairie.

Et, de fait, la réaction ne s’est pas faite attendre.

Une semaine après l’ouverture de la Charade, le maire envoya ses sbires de la police municipale sur les lieux avec pour mission de déloger les trublion-ne-s. Mal leur en pris car ces dernier-ère-s n’étaient pas  prêt-e-s à obtempérer.

Quelques heures plus tard, un huissier mandaté par la mairie se présente. Même réaction des occupant-e-s qui finiront par recevoir une assignation en justice.

Le procès a eu lieu ce mercredi 6 novembre. Il en ressort que les occupant-e-s de la Charade peuvent y séjourner jusqu’au 15 mars (en application de la trêve hivernale, ce qui n’était pas joué d’avance) date à laquelle ils seront jetés à la rue manu militari.

D’ici là, ils comptent continuer à développer leurs projets et affiner une stratégie qui leur permettrait de rester (plus) longtemps sur les lieux.

Petit rappel historico-politico - machin truc à l’intention de monsieur le maire de Saint-Martin-d’Héres qui doit au moins se souvenir du nom de Friedrich Engels (compère et amis de Karl Marx, deuxième en partant de la gauche sur les posters où l’on aperçoit les ancêtres de l’idéologie qui devait changer le monde pour le bien de tout un chacun et plus particulièrement du prolétariat). Durant la seconde moitié du XIX° siècle ce jeune homme écrivait ceci dans l’un de ses nombreux ouvrages (souvent signés par celui qui se trouve systématiquement à sa gauche sur les mêmes posters) intitulé : La Question du Logement (C/O Éditions sociales). (…) Ce qui est certain, c’est q’il y a dans les grandes villes suffisamment d’immeubles à usage d’habitation pour remédier sans délai par leur emploi rationnel à toute véritable crise du logement. Ceci ne peut naturellement se faire que par l’expropriation  des propriétaires actuels (…). Tout cela est bien beau, mais appliquer ces idées, ce serait ni plus ni moins remettre en cause les fondements mêmes du système capitaliste, ce que les P.C. ne font plus depuis (très, très) longtemps.

Quoi qu’il en soit, les compagnes et les compagnons qui ont mis sur pied la Charade ont l’immense mérite de poser une question essentielle au monde dans lequel nous survivons aujourd’hui : vaut-il mieux qu’une maison vide soit squattée ou murée ?

Poser la question c’est y répondre. Pour sortir cette évidence du monde des idées, il n’y a q’une seule solution, c’est de multiplier à l’envi les initiatives comme celles des Charadiens et des Charadiennes… Et, peut-être, un jour…

De toute façon, ils et elles font d’ores et déjà avancer le schmilblick (clin d’œil à…).

Pour soutenir, aider, supporter,… les copines et les copains de la Charade, on peut passer les voir, leur écrire, leur envoyer des lettres de soutiens, téléphoner ou écrire à la mairie, imaginer des trucs (géniaux si possibles…)…

 

Carnet d’adresse :

 

La Charade, 90, avenue Ambroise Croisat, F38400 Saint-Martin-d’Héres  (pour  venir les voir, passer par la place du 8 février 62). Tel. : + 33(0)6.88.98.36.54.

 

Monsieur le Maire111, avenue Ambroise Croisat, F38400 Saint-Martin-d’Héres.

Tel : +33(0)4.76.60.73.73.

 

Notes de lecture

 

Cahiers d’Études - Léo Ferré

 

Si je vous dis 14 juillet et que vous me répondez tout de go Fête Nationale Française, vous êtes perdus pour la cause, si vous me dites prise de la Bastille, c’est mieux, relisez Kropotkine, par contre si sans la moindre hésitation, la larme à l’œil, vous me parlez de l’anniversaire de la mort du père Léo, je crois que j’ai déniché  (merci Laurent) deux parutions qui ne peuvent que vous intéresser.

La première en est à sa septième livraison, il s’agit des Cahiers d’Études – Léo Ferré. Du très très beau matoze. Un format inhabituel (21 x 21 cm), de 112 à plus de 200 pages selon les numéros, des textes tous très fouillés de/sur/autour de l’ami Léo.

Testez, vous ne le regretterez pas.

 

Les Copains d’la Neuille – L’Actualité de Léo Ferré.

 

En liaison avec les Cahiers d’Études et La Mémoire et la Mer, Les Copains d’la Neuille rassemblent deux fois par an (en octobre et en mars) l’actualité de Léo : la réédition de ses disques, la parution de textes et/ou de chansons jusqu’alors inédits ou confidentiels, les livres qui lui sont consacrés, les spectacles autour de ses chansons…

Les Copains d’la Neuille, après et avec d’autres s’attachent à affirmer la rayonnante présence de Léo.

 

Cahiers d’Études – Léo Ferré – Éditions du Petit Véhicule, 20, rue du Coudray, F44000 Nantes ; Tel  + 33(0)2 40 52 19.94.

 

Les Copains d’la Neuille, C/O François André, 111, Clos des Libellules, F73190 La Motte Servolex.

 

La Sociale – Feuille mensuelle du Groupe de la Métropole Lilloise de la Fédération Anarchiste.

 

La FA Lilloise sort un tout nouveau mensuel qui porte le titre de La Sociale.

La vocation de la Sociale est d’être un trait d’union entre celles et deux qui veulent construire un autre futur. Dans cette feuille seront présentés des infos, des coups de gueule, des idées,…

 Ses rédacteurs ont l’intention d’y affirmer leur rejet de la société patriarcale, de l’église, de l’état et du capitalisme au profit de la libre détermination des individus et des groupes.

Le n° 1 traite principalement des sans papiers et de la rentrée sociale.

 

La Sociale, FA C/O ALDIR, BP 79, F59370, Mons-en-Baroeul. Un n° gratuit sur demande, abonnement de soutien : 10 € /an. Chèques à l’ordre de C.E.G.

 

Une histoire populaire des États-unis, Howard Zinn, Éditions Agone, 2002

 

Au nom du Père, du fric et du Saint Empire Yankee.

 

Si vous voulez garder intact votre plaisir de spectateur pour la future guerre en Irak, ne lisez pas ce livre : il a tendance à rendre les bombes moins intelligentes, les frappes moins chirurgicales et les motivations de l’agresseur encore plus sordides.

C’est un livre d’histoire, de 1492 à l’élection de George XXX Bush très junior. Et ce n’est pas de l’histoire neutre et sévère, c’est un livre engagé. Howard Zinn (allez voir son site !) est un homme de convictions et ne s’en cache pas un instant : "il est du devoir des intellectuels de ne pas se ranger du côté des bourreaux". Et il ajoute qu’il a écrit "(…) une Histoire qui penche clairement dans une certaine direction, ce qui ne [le] dérange guère tant les montagnes de livres d’histoire sous laquelle nous croulons penchent clairement dans l’autre sens".

Le livre est long, détaillé, touffu. Il est évidemment impossible à résumer. Je me contenterai de prendre un biais pour en parler. Tiens, prenons, au hasard bien sûr, les guerres menées par les États-unis, ce grand pays des libertés, le Bon en chef du camp des Bons. Et imaginons pour cela que vous avez été élu président de cette grande nation (ce n’est pas si difficile, rassurez-vous : il suffit de recueillir 25% des voix de l’électorat, ce qui, moyennant finances, est à la portée du premier imbécile venu; d’ailleurs, il est venu).

Aussitôt élu, vous auriez une furieuse envie de jouer avec tous les beaux avions et blindés et bateaux et canons qui ont coûté si cher, non ? Alors, comme n’importe quel président qui se respecte ("qui se respecte", vous êtes sûr ?), vous le feriez, ne serait-ce que pour faire plaisir à vos copains commerçants de tous poils qui vous ont arrosé de fric pendant votre campagne électorale pour que vous alliez leur ouvrir de nouveaux marchés étrangers à coups de bazookas. Et puis d’ailleurs vous n’auriez pas le choix. On ne met à ce poste que des gens parfaitement manipulables, cultivés ou ignares, acteurs de séries B ou vendeurs de cacahuètes, brillants orateurs ou analphabètes patentés (y a-t-il eu à la tête d’un État, où que ce soit en Europe, des personnages aussi creux que Reagan ou George XXX Bush très junior?).

Donc, vous entrez en guerre. Mais comment ? C’est vrai, on manque d’habitude pour des choses comme ça. Pas grave. Suivez mes conseils et vous réussirez très bien.

Le mieux est de subir un revers important au départ de manière à faire monter les pulsions patriotiques dans la population (car on a besoin d’elle pour aller de l’autre côté d’un océan se faire tuer). Ce revers, on peut le provoquer, comme à Pearl Harbor ou simplement profiter d’un événement particulier (Twin Towers), à moins de se faire sauter soi-même un navire de guerre (le "Maine") en rade de La Havane, en 1898, pour entrer en guerre contre l’Espagne (268 marins périssent, mais, étrangement, il n’y avait ce soir-là aucun officier à bord).

Ou bien, on peut voler au secours de la veuve et de l’orphelin (quitte à produire beaucoup plus d’autres veuves et orphelins) :

- Koweït : il faudrait parler là de provocation délibérée (voir les enregistrements des rencontres entre Saddam et l’ambassadeur américain à la veille de l’invasion de l’émirat pétrolier) dans un but électoral (le conseiller de Bush, John Sununu déclarait qu’ "une guerre brève et couronnée de succès ferait parfaitement l’affaire de Bush et assurerait sa réélection", en quoi, d’ailleurs, il s’est trompé);

- Serbie (surtout, éviter la diplomatie, c’est une constante de la politique étrangère américaine) ;

- Panama : il s’agissait de traduire en justice le général Noriega pour trafic de drogue. 26000 soldats envahissent le Panama et font des centaines ou des milliers de morts (on ne sait pas, d’ailleurs ils n’étaient pas là pour compter n’est-ce pas) et 14000 sans abri.

Arrêtons là. Toutes les interventions militaires américaines se font au nom d’intérêts géostratégiques et commerciaux. Vous me direz que c’est le cas de l’immense majorité des guerres en général. Et vous aurez raison. Mais les États-unis en font beaucoup. Et leurs dirigeants ont la candeur extrême de laisser exploser leur joie après coup. Brzezinski (ancien conseiller de Carter) s’exprimant après la guerre du Golfe : "(…) le Moyen-Orient et le Golfe Persique entrent maintenant clairement dans la zone d’influence américaine".

Et je ne vous ai pas encore parlé de la guerre d’Indépendance, de la guerre de Sécession, des luttes sociales d’une violence meurtrière (déclaration de l’ex-président Coolidge sur le chômage, en 1930 : "lorsque de plus en plus de gens sont licenciés, le chômage augmente" ; devait avoir le QI de Bush junior celui-là), de l’attitude par rapport aux femmes (cette délicieuse citation extraite d’un magazine vers 1820 : "La religion est exactement ce dont une femme a besoin, car elle lui donne cette dignité qui sied si bien à sa dépendance"), de la question indienne (qu’il puisse y avoir aujourd’hui une jeep "Cherokee" adaptée aux grands espaces, cela relève d’un cynisme dur à avaler, un peu comme si dans quelques années, les Israéliens fabriquaient une jeep "Palestine", conçue pour circuler facilement dans les pierres et les ruines) et du racisme (durant la seconde guerre mondiale, les Américains ont embarqué des troupes sur le Queen Mary ; les Noirs étaient au fond du bateau, près des machines, en une sorte d’étrange remake des transports d’esclaves).

Les "Commentaires de Blackstone" sont un texte de nature juridique datant de l’Indépendance. On y trouve cela : "le respect de la loi pour la propriété privée est si grand qu’elle n’en supportera pas la moindre violation ; et ce même dans l’intérêt de l’ensemble de la communauté". C’est toujours vrai actuellement et nous sommes aujourd’hui, en Europe, en train de nous soumettre (par le biais de l’OMC) au comportement prédateur des aventuriers américains qui ont fondé les États-unis.

Il s’agit à la fois d’un livre majeur et d’une brique un peu indigeste. L’auteur nous gave  de détails plus ou moins significatifs d’un côté et de synthèses magistrales de l’autre. Cette tension entre le particulier (le moindre mouvement de grève du moindre village nous est cité et fait sens) et le général n’améliore pas la lisibilité de l’ensemble. Mais la table des matières est fort bien faite et permet d’utiliser le livre comme ouvrage de référence après une première lecture.

Il est difficile de lire ce livre sans penser au présent et au futur proche. Et l’Histoire, c’est effectivement cela, que l’on dissimule parfois sous des oripeaux factuels : une relecture du passé à la lumière du présent.

é dawag


 

 


 

G U E R R E   À   L A    G U E R R E   ! 

 

 


 

En dépit de toutes les tergiversations, mensonges atermoiements et faux-fuyants dont nous abreuvent, par médiatisation à sens  unique, les politicards  des USA et des ministères européens, ces irresponsables préparent intensément une nouvelle guerre en Irak, après avoir organisé, autorisé ou réactivé les conflits en Afghanistan, Palestine, Tchétchénie, Congo, Mexique, Chili…

 

L'ONU, comme jadis, la SDN ne peuvent ni ne veulent vraiment arrêter ce processus de préparation intensive. Et l'histoire démontre que les cris d'orfraie de Daladier et Chamberlain, à Munich en 1939, n'ont pas empêché les hordes fascistes nazis d'envahir la Pologne après maintes autres invasions, anschluss et occupations illégales.

 

Sans aucun doute, les anarchistes sont contre toutes les guerres, ils ne reconnaissent que la guerre sociale, la seule qui vaille la peine de se faire violence. Cependant, là encore, les dissensions historiques au sein du groupe des anarchistes, divisé en nombreuses composantes "ludiques", démontrent que si la volonté est de combattre les guerres, les modalités de ce combat ont présenté un caractère très peu consensuel. Que l'on se rappelle les luttes intestines lors de la 1ère guerre mondiale entre les anars qui refusèrent leur incorporation et ceux qui défendirent l'état français sur le front. De même, entre les deux grandes guerres, la seule démarche consensuelle est l'acceptation du  principe de la "prévention à toute mobilisation par la grève générale insurrectionnelle".

 

Dans les guerres anti-colonialistes (Maroc, Indochine, Algérie), les guerres anti-fascistes et  la guerre d'Espagne, les sentiments des anarchistes ne furent guère unitaires et le principe même de la liberté de l'anarchiste : "ni dieu, ni maître" ne colle pas avec la peur de constater l'hégémonie des anciens colonisés ou d'un prolétariat vainqueur devenu arrogant dans sa victoire.

 

.Aujourd'hui, il y a imminence d'un nouveau conflit de caractère mondial en Irak. Ce ne sera pas la guerre d'armées contre le seul mégalo-paranoïaque Saddam Hussein. Ce sera une guerre populaire entre le peuple irakien, le monde musulman et le monde des puissants, des buveurs de pétrole et des riches. Les interférences entre les deux mondes étant, par ailleurs, nombreuses).

 

Face à cette imminence, chaque anarchiste du monde anarchiste se doit de préparer sa guerre contre cette guerre. Et ce, de plusieurs façons. J'en propose quelques-unes. On pourra en débattre; Mais il faudra que les différentes actions envisagées à titre collectif (c'est-à-dire à plusieurs, sans mot d'ordre ni injonction) soient signées et consignées pour nous rappeler combien l'homme et l'anar sont à la fois, faibles et forts. La grève insurrectionnelle est d'abord l'affaire de chacun.

 

Je m'engage, dès le début d'une quelconque déclaration de guerre à faire parvenir aux chefs des gouvernements belligérants, à titre individuel, une lettre démontrant leur inconséquence, leur mépris des hommes, leur égoïsme et leur future perte. Aller à la gend'armurerie de mon secteur pour y remettre ma carte d'identité, me déclarant ainsi hors-état. Si les gens d'armes me laissent libre de mes mouvements, aller à la mairie de mon bled déchirer ma carte d'électeur que je conserve en cale sèche depuis que je l'ai reçue. Je m'engage à ne jamais consommer un produit manufacturé (voiture, machine, TV, ordinateur, électricité, eau courante…) tant que les hostilités n'auront pas pris fin. Je m'engage à ne vivre que du produit de la terre qui m'a été attribuée (que je veux partager) et du produit que mes mains auront fabriqué.  Je m'engage à recueillir chez moi, dans la mesure de mes moyens, tout frère humain acceptant de vivre en Spartiate et épousant des idées anarchistes. Pas de curé, car ils sont imperméables à toute discussion ou proposition. Je m'engage à faire savoir à mes frères humains le pourquoi de mes positions et à tenter de les convaincre autant que faire se peut.

 

Il est grand temps de se rendre compte que les appels à l'unité, les longues listes des méfaits du capitalisme et les divers coups de gueule ne sont que des moyens, somme toute assez aisés, pour se voiler la face.

 

Il est grand temps de se rendre compte que la fabrication, la divulgation de revues, de sites internet, d'affiches sont des moyens,bien plus difficiles à réaliser mais encore insuffisants.

 

Il est temps de se mettre en guerre contre la guerre.

éMaï