Sweet Mary
Sweet Mary
Petite Mary, toi qui traversas la nébuleuse avec magie,
t'expliqueront-ils un jour pourquoi tu restas sur le sol, les cheveux défaits, couchée sur l'avenue Eleanor Plunkett?
Pourquoi ont-ils si méchamment repris les armes,
comment peuvent-ils ne pas comprendre?
Comment peuvent-ils fermer les yeux?
Un matin, une petite fille est morte.
Elle avait de jolis souliers rouges comme son sang quand il glisse le long de ses joues.
Elle avait un cartable trop lourd, même qu'on devait faire quelque chose pour elle. Des cartables comme ceux-là , ça ne devrait pas exister. Elle avait de petites mains de pianiste, des doigts de fée.
Une heure plus tard, une heure trop tôt, déjà trop tard.
Elle avait le même sourire que sa maman et aussi une petite robe cousue mains, une grosse poche sur sa petite poitrine qui ne connaîtra jamais de rouges baisers. La petite avait un plis en S sur le coin de la lèvre, celui qui la rendait si mystérieuse quand elle riait aux éclats. Aux éclats, il lui manqua le reste.
Elle avait à peine 6 ans, elle s'appelait Mary, je m'en souviens encore.
Parfois, elle se balançait pendant des heures au bout de son jardin. la balançoire s'élançait vers le ciel sans trop savoir pourquoi il fallait redescendre.
Elle me dit un jour que nous parlions ensemble: "Plus tard, quand je serais plus grande je serai infirmière pour soigner les gens qui ont mal inutilement". J'en avais ris sur le moment tant elle était sérieuse.
Tous les matins, elle remontait la rue de Black Edwards, passait devant le menuisier, le marchand de couteaux, puis elle tournait sur la place Hamilton. Elle sifflait dans la rue comme un petit oiseau. elle ne pouvait pas savoir.
Une heure déjà , une heure seulement...
Sur la place animée, elle rejoignait à 07.30 les autres écoliers. Mais pas cette fois.
Il y eut un grand bruit de tonnerre de feu, une raffale de vent, là -bas, de l'autre côté du carrefour...
Samedi 12 Janvier 2002, 07h23' 15 secondes, Belfast, Irlande
Sébastien Vanden Berghe
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